Texte 9 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Kaikō Takeshi [開高健], Aoi getsuyōbi [青い月曜日, Comme un lundi], Tokyo, Bungei shunjū [文芸春秋], coll. « Bunshun bunko [文春文庫] », 1974, p. 143.

Les yeux du turbot

Kaikō Takeshi

Au début du mois d’août, ma tante partit se réfugier avec mon grand-père et ma petite sœur dans un village du département de Fukui. Comme elles n’arrivaient pas à acheter les billets de train, ma mère et ma tante sont restées deux jours assises à attendre leur tour aux guichets de la gare d’Osaka. Dans la gare, du fait de la foule des sinistrés, il était impossible de faire un pas. De longues files s’étaient formées aux guichets respectifs des lignes Sanyō, San’in, Tokaidō et Hokuriku ; ces différentes queues serpentaient, se rencontraient et se mélangeaient, si bien qu’on ne savait plus à quelles lignes elles correspondaient. Les gens qui attendaient pour la ligne Sanyō se retrouvaient sans s’en rendre compte dans la file de la ligne Tōkaidō, et ceux de la ligne Hokuriku dans la file de la ligne San’in. Du fait des attaques aériennes, les horaires de train étaient sens dessus dessous, et même quand on avait enfin son billet, après avoir passé le contrôle des billets, il fallait encore attendre dans les escaliers puis sur le quai avant de pouvoir monter dans le train.