Texte 8 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Hosoya Yūichi [細谷雄一], « Ni jū ichi seiki no dōmei kankei: nihon no shiza kara » [21世紀の同盟関係 日本の視座から, L’alliance nippo-états-unienne au XXIe siècle : le point de vue japonais], Kokusai anzen hoshō [国際安全保障, Sécurité internationale​], vol. 44, n° 1, juin 2016, p. 1.

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L’alliance nippo-états-unienne au XXIe siècle : le point de vue japonais

Hosoya Yūichi

Introduction

« Le plus grand cadeau que les États-Unis ont fait au monde, hier, aujourd’hui, le plus grand cadeau qu’ils doivent lui faire demain aussi, c’est l’espoir.
Vous tous qui représentez le peuple des États-Unis : appelons notre alliance “alliance de l’espoir”. Il faut que les États-Unis et le Japon unissent leurs forces pour construire un monde encore meilleur. »
Le 29 avril 2015, lors d’un voyage aux États-unis, le premier ministre Abe Shinzō, dans un discours devant le Congrès des États-Unis réuni en séance plénière, qualifiait ainsi l’alliance entre les États-Unis et le Japon d’« alliance de l’espoir ». Pour qui connaît l’histoire des alliances entre les États-Unis et le Japon jusqu’à présent, on peut aussi appeler cela un tournant.
La première fois que le mot « alliance » a été prononcé entre le Japon et les États-Unis, dans le cadre des relations développées entre les deux pays sur la base du Traité de sécurité de 1960, c’était il y a 35 ans, lors du sommet nippo-états-unien qui s’était tenu à l’occasion de la venue aux États-Unis du premier ministre Suzuki Zenkō. Le communiqué commun était rédigé en ces termes : « Le premier ministre et le président reconnaissent que l’alliance entre les deux pays est fondée sur les valeurs de démocratie et de liberté que les deux pays chérissent ensemble et réaffirment à nouveau la solidarité, l’amitié et la confiance mutuelle qui unissent les deux pays ».
Mais comme tous les journaux du Japon ont alors fait leur une sur le « renforcement du volet militaire de l’alliance », le premier ministre Suzuki, interrrogé à ce sujet, avait déclaré que l’alliance entre le Japon et les États-Unis « n’avait pas un sens militaire ». Le fait que le premier ministre déclare en outre que sa position personnelle différait de celle exprimée dans le communiqué avait à l’époque fortement ébranlé les relations nippo-états-uniennes. Pour protester contre la déclaration du premier ministre Suzuki Zenkō sur le fait que l’alliance entre le Japon et les États-Unis n’était pas une alliance militaire, le ministre des affaires étrangères de l’époque, Itō Masayoshi, avait présenté sa démission.
Durant les années 1980, le mot « alliance » a ainsi occasionné d’importants désordres au sein de la politique japonaise.