Texte 4 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Mukai Kōichirō [向井宏一郎], « San’ya no tatakai wa tsuzuite iru » [山谷のたたかいは続いている], Yoseba [寄せ場], n° 27, juillet 2015, p. 209.

Nouvelles du terrain

La lutte de San’ya continue

Mukai Kōichirō [militant de la Maison d’assistance aux travailleurs de San’ya]

Parler de lente destruction des yoseba1 résume bien ce qui s’est passé dans le quartier de San’ya durant ces 20 dernières années. Avec l’explosion de la bulle économique dans les années 1990, le nombre d’emplois disponibles dans les yoseba a fortement baissé, le cycle qui associait logement dans les doya2 et emplois temporaires s’est brisé net, et un nombre important d’ouvriers s’est trouvé jeté à la rue. C’était il y a 20 ans. L’aspect de San’ya a maintenant complètement changé. De nouveaux immeubles résidentiels se construisent les uns après les autres. Si les doya constituent encore l’élément dominant des rues du quartier, beaucoup se sont transformées en hôtels bon marché pour voyageurs étrangers (backpackers). En outre, parmi les personnes qui logent dans les doya, 80 à 90% touchent la Protection vitale3. Observé pendant la journée seulement, le quartier donne facilement l’impression qu’« il n’y a pas vraiment de différence avec un quartier ordinaire ». Mais alors, qui sont donc ces personnes à l’allure bien préoccupante que l’on aperçoit ici et là dans le quartier ? Ce ne sont pas des yakuzas et elles n’ont pas l’air non plus d’avoir de contact avec les « citoyens ordinaires ». Et puis quand la nuit arrive, sur les trottoirs, dans les galeries commerciales, nombre d’entre elles se couchent très naturellement par terre et s’endorment… À voir des gens installés comme ça, on se dit que ce qui a changé dans le quartier de San’ya, c’est seulement l’apparence. En regardant plus en profondeur, on se rend compte que quelque chose continue à l’identique, malgré les décennies passées.

Notes de bas de page:

1

Quartiers servant de lieux de recrutement des travailleurs journaliers – NdT.

2

Logements bon marché – NdT.

3

L’équivalent japonais du RSA – NdT.